Otages, exécutions, guerres, islamisme font en ce moment la une de l’actualité. Et la France est aussi embarquée dans ce tourbillon sanglant. Il peut être utile de savoir comment nous en sommes arrivés là et examiner quelques pistes pour en sortir. Voici quelques réflexions dont nous avons présenté les grandes lignes dans un colloque au Parlement Européen.
1° Colonisation - Décolonisation
Nous allons d’abord évoquer les origines avec la colonisation et la décolonisation, qui ne touchent pas seulement les pays arabes.
La première grande vague de colonisation commence en 1492 avec la découverte du Nouveau Monde, des Amériques. Un certain nombre de puissances occidentales en sont venues alors à coloniser ces terres « inconnues ». C’est ainsi que nous sommes entré dans l’ère moderne. Les premiers furent l’Espagne et le Portugal qui colonisèrent ces Amériques. Puis il y eut aussi la France, l’Angleterre, les Pays-Bas qui partirent ainsi faire dès le XVIe siècle et jusqu’au XVIIIe des colonies à travers le monde entier. Un certain nombre de ces colonies vont prendre leur indépendance dès la fin du XVIIIe siècle avec les États-Unis d’Amérique. Puis au XIXe avec de nombreuses possessions coloniales des Amériques.
Après les tourmentes de la Révolution et de l’Empire (qui mobilisèrent les puissances occidentales dans des guerres européennes), au XIXe et XXème siècle se développa une deuxième grande vague de colonisation. Dans les pays arabes particulièrement et plus généralement sur les cinq continents. Cette phase était aussi liée à des progrès techniques et scientifiques qui permirent à ces puissances occidentales d’avoir une certaine supériorité matérielle et militaire, et ainsi de conquérir de nouvelles terres. Mais dans quel but ? D’abord d’apporter la « civilisation occidentale », une civilisation technique et matérielle avec des progrès dans le domaine des sciences et même des arts. Et aussi bien sûr avec la volonté de posséder de nouveaux territoires et d’en exploiter les ressources. L’Eldorado, la ville de l’or, était déjà une des motivations au XVIe siècle de certains conquistadors qui avaient pour objectif de ramener le maximum d’or de leurs découvertes, de ces trésors lointains qui devaient être une source d’enrichissement pour les conquérants et d’enrichissement aussi pour les puissances qui finançaient leurs expéditions à l’autre bout du monde. Un autre objectif était de développer les populations, de les développer socialement et économiquement et puis d’élever le niveau de la civilisation qui était considérée comme supérieure par les pays occidentaux par rapport aux modes de vie du « bon sauvage » (selon le mot de Rousseau). Bien entendu certains de ces pays avaient des civilisations plurimillénaires qui avaient déjà connu de grandes évolutions techniques, scientifiques, morales et qui aurait aussi pu être d’un grand apport pour l’ensemble du Monde connu.
Par contre au XIXe et au XXe siècle (à la différence des siècles précédents) on n’a plus comme priorité d’apporter la foi au Christ à l’ensemble de l’humanité. Effectivement avec les conquistadors il y avait toujours des aumôniers qui étaient destinés à convertir et à baptiser les Indiens, les Asiatiques, les Africains qui ne connaissaient pas encore la venue du Messie.
A partir de la 1ère et de la 2ème guerre mondiale (qui sont toutes deux parties de conflits entre les puissances occidentales et qui les ont décimées) ces pays se sont quelque peu émancipés de ce pouvoir exorbitant qu’avaient les puissances coloniales avec une supériorité qui semblait être invincible au niveau technique, scientifique et matériel mais aussi au niveau d’une certaine forme de culture et de civilisation. La 1ère guerre mondiale a vu s’entre-déchirer ces diverses nations qui étaient des nations occidentales et coloniales, perdant des millions et des millions d’hommes. Puis plus encore avec la 2ème guerre mondiale. A l’origine de cette guerre : les puissances de l’Axe, avec l’Allemagne et l’Italie (faisant parti de ces puissances occidentales) qui ont fait une guerre totale à d’autres puissances occidentales et coloniales. Et en Asie, une troisième puissance, le Japon, à proximité des colonies asiatiques (de la France ou de l’Angleterre) a occupé plusieurs de ces colonies ou protectorats. Tout cela a fortement mis en doute la toute-puissance de ces nations occidentales (même si en fin de parcours elles ont gagné la guerre). Cela a développé après la seconde guerre mondiale des mouvements (déjà présents bien avant dans les années 20 et 30) mais qui se sont sentis pousser des ailes pour se libérer de l’influence des puissances occidentales. Ces guerres ou ces vagues de décolonisation se sont répandues sur tous les continents avec le soutien des deux superpuissances, URSS & USA (vainqueurs de la 2e guerre mondiale) qui n’avaient pas de colonies extérieures et espéraient par-là étendre leur zone d’influence à la place des nations de la Vieille Europe. On se sentait d’autant plus la capacité d’être indépendant que pendant les années de guerre un certain nombre de ces pays colonisés n’avaient plus de lien avec la métropole. Soit qu’ils avaient rompu les amarres, bon gré mal gré, comme ce fut le cas en Afrique Noire ou en Afrique du Nord par rapport au régime de Vichy, soit qu’ils fussent occupés par les troupes japonaises comme en Indochine.
Un élément très important dans ces temps de la décolonisation fut le développement des pays communistes de 1917 aux années 1960 jusqu’à tenir les deux tiers de l’humanité sous leur joug. Dont bon nombre de pays ex-colonisés qu’ils avaient soutenu militairement dans leur guerre d’indépendance. Beaucoup de ces mouvements de libération se sont inspirés du marxisme et ont été soutenu financièrement et militairement par l’Union soviétique, la Chine ou Cuba. Pour ces puissances communistes le plus important n’était pas l’indépendance de la nation, mais d’apporter la libération communiste par la lutte des classes et par la lutte anticoloniale (que l’on conçoit comme une forme de lutte des classes). Ainsi on faisait d’une pierre deux coups : à la fois on répandait la Révolution et on affaiblissait les puissances occidentales dites capitalistes. En Europe les frontières entre le monde communiste et le monde capitaliste ayant été figées par les accords de Yalta en 1945. Mais le reste du monde était à conquérir par la technique dite de la peau de léopard, on allait dans les continents africain, asiatique ou américain essayer de faire tomber les uns après les autres ces pays, souvent colonisés, dans l’ère communiste. C’était la guerre froide qui devenait chaude aux extrémités de ces différents empires. Certains de ces pays deviennent communistes purs et durs, comme ce fut le cas de plusieurs pays d’Indochine française (Vietnam, Cambodge, Laos) ou d’autres comme la Corée du Nord. Ceci se réalisa dans des guerres de décolonisation puis après dans des guerres procommunistes.
(à suivre ...l'islamisme)