De la décolonisation a L’ISLAMISME
Attentats à PARIS , à CHARLIE-HEBDO, Hyper-Cacher, Air-Products,etc. Otages, exécutions, guerres, islamisme font en ce moment la une de l’actualité. Et la France est aussi embarquée dans ce tourbillon sanglant. Il peut être utile de savoir comment nous en sommes arrivés là et examiner quelques pistes pour en sortir. Voici quelques réflexions dont nous avons présenté les grandes lignes dans un colloque au Parlement Européen.
2° Les suites de la décolonisation dans les pays arabes.
De nombreux pays arabes eurent dans un premier temps un gouvernement de transition notamment avec un roi. Cependant souvent ces régimes d’indépendance ont été considérés comme des survivances des temps anciens (monarchies,..) ou comme ayant collaboré et étant soutenus par les anciennes puissances coloniales. Certains de ces gouvernements ont été remplacés - pacifiquement (comme ce fut le cas du bey de Tunis) - ou avec un coup d’état militaire (Egypte, Irak, Libye,…) par des gouvernements laïques et socialisants inspirés ou soutenus par les pays communistes.
Depuis les années 1950 jusqu’aux années 1970 la plupart des pays arabes qui avaient un tel gouvernement traditionnel ou de transition ont vu leurs souverains renversés par des capitaines ou des colonels lors d’une révolution militaire. Seuls pays qui ont résisté à cette vague ont été la Jordanie et le Maroc. Et ce malgré de nombreux attentats. Jusqu’à aujourd’hui les mêmes dynasties sont encore à la tête de ces deux nations. Seules les monarchies pétrolières (qui n’avaient que très peu de citoyens, auxquels on pouvait donner des privilèges fabuleux) ont résisté sans trop de difficulté. Par contre la plupart des autres pays arabes sont devenus des états laïques et plus ou moins socialistes. La religion n’étant donc plus une partie principale de l’Etat et de la nation.
Les deux exceptions de la Jordanie et du Maroc peuvent aussi se comprendre par le côté religieux du roi de Jordanie et le fait que le roi du Maroc soit descendant du Prophète et Commandeur des croyants (comme dans la tradition ancienne des sultanats et califats qui existait dans les pays musulmans arabes ou turcs, du Moyen Âge aux siècles récents, en soudant le politique au religieux ou vice-versa).
Hormis ces deux exceptions la plupart de ces nouveaux régimes se sont développés en regardant soit vers le bloc communiste, soit vers l’Occident capitaliste, mais dans les deux cas en mettant de côté la religion (au nom des principes marxistes ou du laïcisme areligieux de nombre de pays occidentaux).
D’ailleurs cet exemple de laïcité inspirée de l’Occident fut déjà appliqué après la 1ère guerre mondiale et l’effondrement de l’Empire ottoman, par Kemal Atatürk, père de la Turquie moderne. Il avait laïcisé son pays : interdiction du port du voile, séparation du politique et du religieux (ce qui est contraire aux principes traditionnels des pays islamiques).
Dans les autres pays arabes on a aussi eu – après les indépendances - un développement de cette laïcisation de la société, où l’on interdisait aussi le voile dans les établissements publics, comme en Tunisie, dans d’autres on réduisait l’importance de la religion qui devait rester dans les mosquées.
3° Des Printemps arabes à l’islamisme
A partir des années 2000 tout a changé. Il y a eu la crise qui s’est développée au niveau mondial. Dans le cycle de la mondialisation. Après un boum économique avec des délocalisations de l’Occident vers ces pays arabes (à la main d’œuvre nombreuse et pas cher), la crise s’est développée et le cycle infernal de la mondialisation s’est poursuivi. Avec des délocalisations se faisant toujours plus loin, toujours vers des pays moins chers au niveau du coût du travail (salaire + charges) et donc plus rentables pour les multinationales, vers la Chine, vers le Pakistan, etc.
Après des années de développement économique, ce cycle infernal des délocalisations successives a déclenché dans ces pays arabes, à forte population, une crise économique en parallèle à un boum démographique. Dans ces pays-là 40 ou 50 % de la jeunesse est sans travail. Ce fut l’ensemble de la société qui s’est alors interrogé. Les régimes nés de la décolonisation ou du renversement des monarchies qui étaient soutenus par l’Union soviétique, se sont retrouvés bien seuls avec l’effondrement, à partir de 1989, du rideau de fer et de l’Union soviétique. Ils n’ont plus été soutenus ni financièrement, ni idéologiquement. Ce sont des régimes qui se sont de plus en plus corrompus. Il n’y avait plus de principes et ni de philosophie à défendre, plus d’ « idéal socialiste » à promouvoir. La nouvelle pensée fut le « chacun pour soi » ; l’important était de garder le pouvoir en mettant le maximum d’argent de côté à titre personnel. Ces pays se sont vus piller de leur richesse par une classe dirigeante préoccupée uniquement d’augmenter son trésor personnel.
La population s’appauvrissant, tout en ayant une vue sur l’Occident et les mirages de la société de consommation. Ces régimes se sont alors mis à développer leurs relations commerciales et autres avec les pays occidentaux. Ce qui permis à certains de trouver qu’ils étaient des soutiens de l’ordre des anciennes puissances coloniales. Mais de puissances accusées par les mouvements islamistes d’être devenues la « nouvelle Babylone ». Par la télévision et les journaux qui parvenaient dans ces pays arabes on voyait chaque jour ce qui se passait en Occident. Suite aux années 60, l’Occident c’était mai 68, la libération sexuelle, l’explosion à la fois des unions libres et de l’avortement, l’explosion de la pornographie et de l’homosexualité jusqu’au mariage qui se met en place dans les législations d’un certain nombre de ces pays occidentaux. Tous principes contraires aux bases les plus fondamentales de l’Islam. Une décadence morale, reproche sur lequel se fondent les islamistes révolutionnaires d’aujourd’hui pour trancher la tête des Occidentaux qu’ils prennent en otage.
A signaler par contre que cette décadence est également contraire aux valeurs chrétiennes, auxquelles l’Occident tourne à présent le dos.
Ces régimes des pays arabes à la fois laïques - le laïcisme représentant l’Occident – et à la fois socialistes - représentant les anciens pays communistes qui s’étaient effondrés - n’avaient plus de légitimité. C’est pourquoi les populations ont voulu se débarrasser de ces régimes autoritaires où les libertés publiques n’étaient guère respectées. Avec cette vague déferlante que l’on a appelé « PRINTEMPS ARABES ».
Mais les seules forces qui pouvaient représenter une alternative à ces régimes laïques et ex-socialistes étaient issues de l’islam. Avec la volonté de retrouver des racines contre le laïcisme et pour des pays musulmans (arabes, iranien ou turc) : des racines islamiques. On a voulu revenir à des principes issus de l’Islam. C’est pourquoi quand on a organisé des élections libres - dans la plupart de ces pays - ce sont des mouvements islamiques (qui souvent avaient été interdits par le régime précédent) qui ont remporté ces élections. En Égypte le parlement et le président de la République, en Tunisie de même. Il est vrai que des pays musulmans, mais non arabes, l’Iran et la Turquie avaient depuis longtemps déjà ouvert la voie.
Le programme commun de la plupart de ces mouvements était de remettre dans la société les principes islamiques avec aussi les traditions et coutumes de l’Islam comme le port du voile dans l’espace public.
Par contre l’extrême de cet islamisme politique allait jusqu’à proposer (comme en Libye ou dans d’autres pays musulmans) de réinstaurer la charia, la loi islamique dans la société.
Face à la corruption des anciens régimes, à la fin des idéologies socialistes et à la décadence morale de l’Occident on s’est retourné vers un enracinement dans la terre de ses ancêtres. C’est d’ailleurs une option qui pourrait également concerner des populations d’Occident de revenir à de vraies valeurs.
Mais en même temps cette aspiration à de vraies valeurs a été exploitée par des partis islamistes dont certains islamistes extrémistes et révolutionnaires pour instaurer par la Révolution ou la guerre civile des républiques ou régimes islamistes. Comme ce fut le cas déjà à la fin des années 70 en Iran qui était un peu le premier modèle de ce qui pouvait remplacer ces régimes laïques pro-occidentaux ou régimes laïques pro-socialistes qui avait pris place dans ces différents pays arabes ou musulmans. C’est ainsi qu’on est passé d’une conception où la laïcité était la norme (d’inspiration occidentale ou socialiste) à des sociétés qui ont pour objectif de revenir à des principes islamiques.
Une telle situation n’est pas sans danger. Dans certains pays, face à ces partis islamistes (vainqueurs dans les urnes) et au risque d’islamisation de la société, il y a eu une réaction violente d’une partie de la société comme ce fut le cas de l’armée en Égypte ou précédemment en Algérie (avec une guerre civile et ses dizaines de milliers de morts). Avec en fin de parcours l’instauration d’un régime semi militaire et autoritaire.
Dans d’autres pays - Libye, Syrie, Irak,…- c’est la guerre civile qui s’est instaurée pour longtemps avec des islamistes révolutionnaires triomphants (comme le Mouvement pour l’Etat Islamique en Syrie et en Irak) qui répandent la terreur révolutionnaire (comme en France pendant la Révolution de 89) et des lois très restrictives pour les autres religions notamment les chrétiens (présents en communautés importantes depuis deux millénaires) et qui n’ont comme solution que de prendre le chemin de l’exil pour échapper à la mort, à la conversion forcée ou au viol pour les femmes.
EN CONCLUSION
Se développe aujourd’hui et pour de nombreuses années encore le risque terroriste de mouvements islamistes révolutionnaires qui non seulement progressent dans certains pays arabes, mais qui ont aussi déclaré la guerre à l’Occident en prenant des otages sur place (tout en mettant en scène médiatique leur exécution) et en formant des Occidentaux à la guerre et au terrorisme pour exporter leur djihad par des attentats dans leurs pays d’origine. Et en incitant les extrémistes islamistes locaux à se servir de ce qu'ils ont sous la main ( couteau, voiture, kalachnikov,...) pour tuer le maximum de personnes et semer la terreur révolutionnaire dans leur pays d’accueil. Comme c'est le cas pour les attentats de CHARLIE HEBDO, de Montrouge, etc.
Tant que l’Occident n’aura comme principe que la course à l’argent et à la société de consommation, avec tous les plaisirs hédonistes jusqu’à la pornographie (avec les blasphèmes en plus, comme le porte-étendard en était CHARLIE-HEBDO) et à une explosion des mœurs cela continuera de choquer des sociétés encore traditionnelles qui gardent ou retrouvent un certain nombre de racines. Et cela donnera des arguments à tous ces révolutionnaires islamistes qui se servent de la religion pour instaurer un système politique de sang et de larmes chez eux et demain chez nous.
Seul un sursaut des valeurs en Occident qui retrouvera ses racines chrétiennes et ses valeurs morales pourra endiguer la décadence et le terrorisme. Ce n’est pas la guerre qui répond à la guerre, des bombes qui répondent à d’autres bombes qui résoudront durablement ce problème. Le Bien, le Vrai, le Beau, les valeurs universelles pourront à nouveau éclairer le monde à partir d’un Occident redevenu chrétien qui fera la séparation entre la Lumière et les Ténèbres. Et redonnera ainsi l’Espérance et le Respect de toute vie aussi bien aux pays arabes qu’au reste de l’humanité. Il sera à nouveau fidèle à sa vocation chrétienne de porter la Lumière aux extrémités de la Terre dans le respect des peuples et de leurs différences. Pour que ces Printemps arabes ne se transforment pas en un long Hiver de ténèbres et de sang. Dès le Printemps 2013 la France a connu le début d’une « insurrection des valeurs » avec 3 millions de personnes dans la rue, que ce soit un exemple pour tous les autres pays.
Qu’un Eté de Lumière porteur de fruits d’Espérance, d’Amour et de Vie puisse succéder à ces Printemps.